Histoire d’une dislocation du futur

Ou les leçons d’une expérience introspective extrême

J’écris, puis je relis. Puis je réécris, je relis. Je recommence.

Puis, une autre idée. Donc je réécris encore.

Je relis. Je laisse. Je reviens après quelques jours, je relis encore.

Cela ne me convient plus. Je recommence.

Je relis encore. Je réécris. Je modifie. Je laisse, j’oublie. Je relis.

Plus rien ne me convient. Je recommence tout du début.

Voici ce que je vis depuis des mois : une incapacité à écrire, à organiser mes pensées, inexplicable.

Je passe des nuits à tenter de comprendre ce que j’ai.

Je n’en parle à personne. Je fais comme si tout allait bien.

La vérité est que je voulais tout laisser tomber.

Je pensais que je n’y arriverais jamais.

Puis je me suis rappelé : je m’étais promis que je m’accrocherai dans Calculs d’avenir, et aussi, que j’essaierai d’être le plus sincère possible.

Je me remets donc, ce 23 juin à 23h41, à tout réécrire.

Je vais vous parler de comment quelque chose s’est en réalité brisé, sans que je le sache, lorsque j’ai tenté de me mettre dans une logique de consolidation de mes réflexions sur le futur, et comment cela est lié aux dernières années passées.

C’est l’histoire d’une rupture inconsciente que je vais raconter : l’histoire d’une dislocation du futur.

NB : cette édition est accessible seulement pour les abonnés payants, au regard de ce que je compte y partager sur mon intimité ; l’idée aussi est que ceux qui ne me connaissent pas puissent me découvrir davantage, moi qui suis inconnu, malgré mon parcours semble-t-il inédit.

Préambule

J’ai décidé aujourd’hui de tout raconter.

Je réalise que j’ai besoin de m’exprimer sur tout ce que je vis et vois ces dernières années, et que je n’ai jamais exprimé nulle part.

A chaque fois que je raconte quelques bribes de vie personnelle, on me répond : “C’est vrai ?”, “est-ce un film ?”

Je suis toujours resté pudique, et aussi modeste sur moi.

Je ne parle jamais de moi. J’ai appris la modestie au travers de ma famille.

Trop modeste pour pouvoir réussir paraît-il.

Mais là, le vase déborde. Et je vois des conséquences concrètes prendre forme :

1. une incapacité à produire des raisonnements intenses que j’ai toujours fait depuis tout petit ;

2. une incapacité croissante à pouvoir vivre ce que tout le monde vit, que ce soit professionnellement ou familialement, mes émotions ayant été happées par tout ce travail de réflexions, faits de ruminations sur mon passé, et sur ce futur plein d’incertitudes ;

3. un ressenti quant à la vie relativement sombre que je projette, et des calculs qui ne me laissent présager aucune perspective positive.

Ces dernières années, je les ai passées à réfléchir : que ce soit sur le Covid, sur les changements en matière politique, sur l’ordre du monde, sur les sciences ; j’analysais tout ce que je pouvais.

J’ai vécu toutefois, de l’été 2021 jusqu’à octobre 2024, une période qui m’a profondément marqué : j’étais bloqué à l’étranger, et ne pensais jamais en sortir.